lundi 25 août 2008

Raison et Sentiments, Jane Austen


Bon, pour ceux et celles qui se rappellent du sketch des Nuls sur les images subliminales... "Maman, j'peux aller chercher ma combinaison de plongée?"

De la même manière, lire Le Club Jane Austen de Karen Joy Fowler m'avait donné envie de (re)lire du Jane Austen. C'est chose fait puisque j'ai commencé par Raison et sentiments. J'aurais bien lu Orgueil et Préjugés, mais j'aurais eu en tête Colin Firth, ça m'aurait déconcentrée...

Je n'ose pas réellement donner mon avis sur le livre parce que tant de belles choses ont été dites sur Jane Austen... Disons simplement que je comprends mieux le personnage d'Allegra dans le Club Jane Austen.
Je m'arrêterai là, pour cette critique mais pas pour Jane, que je continuerai à lire.

Je vous retrouve très bientôt, pour une nouvelle critique... j'avoue que pour celui-ci j'ai un petit complexe, comment commenter un livre aussi lu, aussi critiqué, aussi admiré ?
Je garde toujours un petit faible pour Jane...

Teacher Man, Frank McCourt


Je ne fais pas toujours les choses dans l'ordre, parce que comme dit Romain Duris dans les Poupées Russes "je ne vais pas raconter les choses dans l'ordre, parce que dans l'ordre, c'est le problème"... Et tout ceci bien sûr rien à voir avec un quelconque manque d'ordre dans ma vie (ou mon appart), non non non...

Bref, au lieu de commencer par le début de la trilogie, c'est-à-dire Les Cendres d'Angela et C'est comment l'Amérique ?, moi j'ai choisi, ou plutôt je suis tombée, sur Teacher Man, le troisième volet.

Frank McCourt y raconte sa propre vie de jeune prof d'anglais à Staten Island à la fin des années 50, lorsqu'il tentait d'enseigner à des ados d'origine afro-américaine, italienne, ou irlandaise comme lui.

Loin de présenter le prof comme un héros qui apporte le savoir aux petits jeunes des quartiers difficiles, ce Teacher-ci n'a pas grand chose à voir avec les profs de cinéma : Robin Williams dans le Cercle des poètes disparus, Michelle Pfeiffer dans Esprits rebelles ou même Hilary Swank dans Ecrire pour exister... Non, ce prof-là est quasiment aussi paumé que ses élèves, a longtemps hésité avant d'utiliser son diplôme parce qu'il avait peur de la réalité et "préférait" travailler sur les docks... Ce prof-là me rappelle beaucoup plus - comparaison inévitable - celui d'Entre les Murs de François Bégaudeau, mais aussi, même si Frank McCourt joue beaucoup plus sur l'auto-dérision que sur le pathos, Half Nelson, avec Ryan Gosling.

Le roman est de 2005, et même si l'auteur évoque ses souvenirs des années 50, son écriture n'est pas celle d'un vieil homme... Il est vif, drôle, et surtout extrêmement sincère : oui, un prof est un homme comme les autres, pas moins bon, mais vraiment pas meilleur non plus... juste un homme.
McCourt n'en fait jamais trop, reconnaît ses erreurs, et je n'ai pu qu'énormément apprécier ce roman d'une grande justesse.

Rien de trop, juste assez pour se dire qu'on vient de passer un joli moment.

mercredi 13 août 2008

Le Club Jane Austen, Karen Joy Fowler


Petit coup de cœur pour ce roman, sorti il y a quelques temps déjà...

5 personnages :
Jocelyn, la cinquantaine, éleveuse de chiens
Sylvia, sa meilleure amie, qui vient de divorcer
Allegra, la fille de Sylvia, passionnée et amatrice de sensations fortes
Prudie, professeur de français, plus réservée
et Grigg, le seul homme de la bande, fan de science-fiction...

Jusque là me direz-vous, rien de bien passionnant... en effet !
Jocelyn décide de réunir tous ces personnages, rencontrés grâce au hasard de la vie, pour former le Club Jane Austen. A chaque séance, on discute de l'œuvre au programme du jour. Pour certains, Jane Austen est une déité, pour d'autres, on comprend surtout dans ses romans la condition féminine au XIXème siècle ; certains sont venus surtout pour faire plaisir à d'autres...

J'ai presque envie de dire que Jane Austen est le sixième personnage de la bande, mais ce serait faux : il existe 5 Jane Austen dans ce livre, un par personnage, qui pensent à Jane lorsqu'ils sont malheureux, ou se servent de ses romans comme grille de jugement pour le monde qui les entoure.

Pas de grands effets spéciaux dans ce roman, ni de meurtres en série, ni de grands torrents de larmes versés pour des grandes tragédies... juste la vie, souvent douce mais parfois amère, des personnages agaçants mais profondément attachés les uns aux autres, exactement comme nos proches... Très difficile pour moi de vous expliquer, avec des arguments objectifs, donc je vous dirai juste : ce roman est un bonbon Arlequin. A la fois acidulé et doux, frais et sucré, on n'en mangerait pas tous les jours mais c'est un petit plaisir éphémère. Qui passe un peu trop vite d'ailleurs...

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mardi 12 août 2008

44 Scotland Street, Alexander McCall Smith

Une fois encore, c'est par des chemins un peu tordus que je suis arrivée à 44 Scotland Street... Je voulais depuis longtemps découvrir les aventures de Mme Ramostwe, la détective du Botswana, mais je suis finalement tombée sur celui-ci !

L'histoire : Pat, jeune étudiante, enfin, si l'on peut dire, puisqu'elle entame sa seconde année sabbatique. Désireuse d'acquérir un peu d'autonomie, elle emménage dans une coloc', avec Bruce, jeune agent immobilier insupportablement égocentrique et amoureux de son image.
On rencontre de nombreux personnages hauts en couleur dans ce roman, dont Bertie, 5 ans, exaspéré par sa mère qui cherche à tout prix à le "stimuler", persuadée qu'il est surdoué. Elle le pousse à apprendre le saxophone, l'italien, estime que la garderie est indigne d'un enfant comme lui, et lui fait entamer une psychothérapie...
Domenica, l'extravagante voisine, qui a mené une vie passionnante, se rapproche de Pat.
Matthew, le patron de la galerie d'art où travaille Pat, un peu loser sur les bords, attachant mais un peu ennuyeux...

Ce roman est un peu un tableau impressionniste : les personnages sont dépeints par petites touches, légères et vives. La ville d'Edinburgh est presque un personnage à elle-même, discrète mais toujours présente... un peu de dépaysement à l'écossaise ne fait pas de mal !

Pour moi, ça n'a pas été un choc littéraire, mais un moment très agréable, qui prête souvent à sourire. Et comme beaucoup l'ont déjà dit, dont Clarabel ici, on finit par s'attacher aux personnages plus qu'on ne le pensait au départ. Pourquoi pas la suite donc, Edinburgh Express ?

lundi 11 août 2008

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee

Voilà bien longtemps que j'entendais parler de ce roman, publié en 1960. Le titre ne m'inspirait pas trop... et puis il faut croire que j'ai l'esprit de contradiction, parce que généralement, ce que tout le monde me conseille, j'attends quelques années avant de le lire...
Et puis avec un titre pareil, je me disais que ça devait être un polar sombre des années 50....ce qu'il n'est pas du tout, soit dit en passant pour ceux qui ne l'auraient pas encore lu, et je n'avais pas imaginé une seule seconde que l'auteur puisse être une femme. N'y voyez aucun sexisme, juste le prénom qui m'a induite en erreur !

Et puis quand j'ai vu le film Truman Capote, avec Philip Seymour Hoffman, j'ai adoré le personnage de Harper Lee - et j'ai appris à ce moment-là que c'était une femme. Mystérieuse, discrète mais séduisante (jouée par la belle Catherine Keener)... et c'est sans doute une raison stupide, mais c'est ça qui m'a réellement donné envie de le lire !

La narratrice, Scout Finch, 6 ans, nous raconte son quotidien dans le Deep South américain, le mystère de la maison d'en face, dans laquelle le fils des voisins est enfermé depuis des années... la première rentrée scolaire, l'institutrice qui, avec toutes ses méthodes pédagogiques, a bien du mal à comprendre les préoccupations quotidiennes de ses élèves....

Mais le roman évoque surtout le père, Atticus Finch, avocat, qui fait face à toute l'hostilité de la ville lorsqu'il décide de défendre un homme noir accusé de viol par une jeune fille blanche, ainsi qu'à celle de sa propre soeur, venue vivre avec lui pour l'aider à élever ses enfants.
Au milieu de ce monde d'adultes, Scout nous fait partager son point de vue, très pertinent, sur les événements. Entre son admiration absolue pour son père, la frustration ressentie à l'école parce qu'elle a soif d'apprendre, les jeux avec son frère et leur ami Dill, la difficulté de devenir une fille dans ce milieu masculin, Scout est un personnage très émouvant, très drôle et on ne peut qu'être touché par sa manière d'exprimer les choses.

J'ai particulièrement apprécié le contexte historique dans lequel le roman s'inscrit, puisqu'il se passe dans les années 30, pendant la Grande Dépression, et bien sûr pendant l'époque où le simple fait d'être noir dans certaines régions du monde pouvait vous condamner à mort...

Ce roman très rafraîchissant est malheureusement le seul qu'ait écrit Harper Lee, malgré quelques autres publications dans des revues. Très largement autobiographique, puisqu'elle a elle-même grandi en Alabama et son père était également avocat.

Pour l'anecdote : le personnage de Dill est directement inspiré du vrai Truman Capote, ami d'enfance de l'auteure.

En bref: gros coup de coeur, complètement inattendu ! Je le conseille à tous, parce que je pense qu'il est des romans "universels" qui parlent à chacun...