vendredi 26 décembre 2008

Le roman des Jardin, Alexandre Jardin


Un roman qui avait pas mal fait parler de lui lors de la rentrée littéraire 2005.

Habituée à des romancettes légérement mièvres - quand je dis habituée, je veux tout simplement dire que j'avais lu l'Ile des Gauchers en m'ennuyant, il faut bien le dire, et à grands coups de soupirs exaspérés, le Roman des Jardin m'a surprise.

L'auteur y révèle qui il est vraiment, ou plutôt qui étaient les Jardin, en recherchant ce qu'il y a de Jardin en lui : et si toutes ces bluettes qui ont fait son succès n'étaient que mensonges, s'il était un Jardin jusqu'à la (double)rate, fait pour le bonheur polygame et condamné à ne jamais pouvoir vivre comme les ennuyeux gens normaux ?

Alexandre Jardin nous raconte donc ses souvenirs, parmi sa grand-mère, qui considérait comme son devoir d'accueillir sous son toit les ébats des couples illégitimes, son grand-père le Nain Jaune, à la morale irréprochable qui faisait transiter par la Suisse des valises remplies de billets destinés au financement de divers partis politiques, et d'autres oiseaux rares de passage...

Quelques anecdotes amusantes, des personnages farfelus, le livre en soi n'est pas désagréable à lire et je me suis même sentie soulagée que Jardin ne fasse pas trop d'Alexandre mais plus du Jardin (si je puis dire...), quelques scènes trqsh même !

Pourtant, même si certains passages évitent l'écueil people en ne citant aucun nom, ce n'est pas le cas à chaque fois et j'ai eu l'impression générale qu'Alexandre Jardin cherchait à faire du "sulfureux", des choses à raconter sur les plateaux télé quand il ferait sa promo.... Un peu facile.

D'autant plus que si le livre s'intitule le Roman des Jardin, il s'agit bien d'un roman et non de mémoires, de confessions ou d'une pure autobiographie.

Or pour un roman, il faut une construction, une histoire, un but, ou au moins un des trois, quelque chose pour le faire tenir, et c'est un peu, selon moi, ce qu'il manque ici... Si fil conducteur il y a, ce serait peut-être la recherche d'identité de l'auteur, qui n'est franchement pas passionnante... Un peu lourde à certains moments.

Dit comme ça, ça a l'air d'un paquet de critiques mais il y a aussi des choses amusantes dans ce roman... Pas assez pour en faire un bon roman, je crains...

Noyeuses fêtes !

Entre Noël et le Nouvel An, je vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d'année, sous la pluie, la neige ou au soleil pour les chanceux !

mercredi 10 décembre 2008

Magnus, Sylvie Germain


Magnus, c'est le nom d'un ours en peluche, celui d'un petit garçon qui grandit en Allemagne à la fin des années 30/ début des années 40.

Ce garçon va grandir et se rendre compte que l'histoire qu'il croyait être la sienne n'est qu'un mensonge inventé par des adultes trop coupables pour lui révéler la vérité.
Que reste-t-il quand sa propre identité n'existe plus ? Pas grand chose, et c'est ce qui fait de ce garçon, puis cet homme, un individu sans racine. Ses pas vont le mener en Angleterre, au Mexique, en Autriche ou encore aux Etats-Unis...

Je n'en révèle pas plus parce que ce serait vous gâcher le plaisir de la lecture.
Magnus est un personnage réellement attachant, dont l'histoire est vraiment plaisante à lire, même si règne sur les pages une sorte de nostalgie... ou mélancolie peut-être, parce qu'au fond Magnus ne cesse jamais de chercher qui il est, même s'il passe parfois par des chemins très indirects.

Pour être franche, je m'attendais à un roman un peu ennuyeux, et je me suis bien trompée. Je l'ai trouvé incroyable de justesse. Ca va peut-être faire hurler certains, mais à certains moments, l'atmosphère du roman m'a rappelé Au-dessous du volcan, de Malcolm Lowry. Les passages au Mexique notamment, ce qui est logique puisque l'action de ce dernier s'y situe également.

Au final, malgré un thème grave, pas de leçons de morale ou d'histoire : simplement l'histoire d'un homme.
Un coup de coeur, définitivement.

jeudi 4 décembre 2008

Madame Bâ, Erik Orsenna


Livre choisi totalement au hasard parmi ceux qu'on pouvait me prêter...

Madame Marguerite Bâ a grandi auprès d'un père quasi-ingénieur et d'une mère traditionniste, s'est mariée avec un beau Peul, est devenue institutrice puis inspectrice de l'Education Nationale malienne après avoir élevé 8 enfants et travaillé au co-développement.
Mais les enfants et les petits-enfants de Madame Bâ sont tous atteints de l'étrange "maladie de la boussole", cette maladie qu'elle ne comprend pas, qui les pousse à regarder, fascinés, la télévision française et à ne rêver que d'une chose : un visa et un aller simple pour Paris, ou plutôt Montreuil ou Villiers-le-Bel.

Mais le jour où son petit-fils Michel lui est enlevé pour aller jouer au football en France, Madame Bâ doit demander un visa pour aller chercher. En remplissant son formulaire, elle raconte alors sa vie, parce que les questions qui ne s'intéressent qu'à des morceaux ne peuvent pas reconstituer l'unité de la vie d'une femme africaine.

J'ai beaucoup aimé le début, l'enfance de Marguerite, et bien que ne connaissant pas du tout le Mali, j'ai trouvé qu'Erik Orsenna, qui y a passé un certain temps, rendait très bien compte de l'ambiance, des traditions et de liens familiaux. Pourtant, la lassitude est venue après environ 300 pages (le roman en édition poche en compte 500 en tout). Ce n'est malgré tout pas un mauvais roman, loin de là, et j'ai trouvé que la fin rattrapait un peu mes précédents impressions.
Le thème est intéressant et la construction originale : Madame Bâ nous raconte sa vie au fil des questions du formulaire de demande de visa. C'est un personnage très attachant, et on ne peut pas en dire autant des quelques autres, Français ou Maliens, car il y a la même proportion de pourris dans les deux camps...
J'ai en fait préféré la première partie qui se rapprochait un peu des contes, à la suite qui est beaucoup plus terre-à-terre, mais pas moins intéressante... Mais j'ai appris des choses et j'ai une vision je l'espère un peu plus juste de l'Afrique qui n'est pas si présente que ça dans la littérature française...

mercredi 19 novembre 2008

Wish you were here, Mike Gayle


Il me semble qu'aucune traduction française n'existe... Si je me trompe, corrigez-moi !

L'histoire : Charlie, la trentaine déjà un peu avancée, vient de se faire larguer par sa petite amie, Sarah, après 10 ans passés ensemble. Son meilleur ami, l'infatigable mais très fatigant Andy, lui propose de passer des vacances au soleil pour oublier Sarah et profiter de son nouveau statut de célibataire. A la grande surprise de Charlie, leur ami Tom, pourtant bien plus sage qu'Andy, les rejoint.
Les trois amis vont passer une semaine en Grèce, dans un club dédié aux 18-30 ans, catégorie à laquelle ils n'appartiennent plus depuis déjà quelques années...

Non, ne me dites pas "encore de la chick lit" puisqu'il s'agit de garçons !
Bon, pour être franche, je n'ai pas détesté cette lecture qui fait beaucoup de bien après une journée très éprouvante, mais je l'ai trouvée encore plus mièvre que la plupart des romans chick lit que j'ai déjà lus...

Pour ceux qui connaissent la série How I met your mother, Charlie, le héros, ressemble beaucoup à Ted de HIMYM... C'est-à-dire : pas antipathique, mais un peu lourd et relativement agaçant. Inutilement fleur bleue, ridiculement maniéré, franchement, au bout d'un moment, il m'a gonflée, je ne peux pas l'exprimer autrement... Le personnage de Tom m'a semblé vide, Andy, trop caricatural et pourquoi cette fin ???

Léger donc, mais trop léger. Je ne le proscris pas mais si vous avez mieux à lire, passez votre chemin...

vendredi 14 novembre 2008

Défi Blog-o-Trésors !

J'attendais la fin de l'année avec impatience... meuuuh non pas pour la pile de livres du pied du sapin (hum hum)... non, pas pour retrouver la bonne nourriture française (la bouffe anglaise c'est pas si horrible qu'on le dit... bon en fait si)....

Vous l'avez deviné chers amis (grâce à mon titre explicite il faut bien le dire, je vous ai un peu aidés!) : pour pouvoir participer à pleiiin de challenges !
Je suis en effet entrée un peu trop tard dans la blogosphère littéraire pour me frotter à ceux de 2008... 2009, me voici !

Première occasion de se contraindre : le Blog-o-trésors de grosminou !
D'ailleurs je ne sais pas si vous avez remarqué ou si la comparaison vous est déjà venue à l'esprit, mais nous sommes un peu l'OULIPO des bloggeurs... Nous aussi, comme Georges Perec, nous nous imposons des contraintes...
Oui, ok, c'est un peu plus dur d'écrire un livre sans la lettre "e" que de lire 4 livres parmi une liste énorme... Tout le monde ne peut pas être Georges !

Je m'égare, je m'égare, mais voici les règles : choisir 10 livres qu'on a adorés ou qui nous ont marqués. Grosminou va réunir les titres de chacun, et chaque participant devra en lire au moins 4 de la liste !
Simple, mais efficace.

Voici donc ma liste :
1. Quand l'empereur était un dieu, Julie Otsuka. Je l'avais lu en octobre, court, émouvant, ça me ferait très plaisir de le faire découvrir à encore plus de monde.

2. Germinal, Emile Zola. Je l'ai lu plus jeune, j'ai adoré.

3. La confusion des sentiments, Stefan Zweig. Une révélation. S'il fallait n'en choisir qu'un, ce serait peut-être celui-là.

4. La peste, Albert Camus. Parce qu'Albert, je t'aime !

5. Quand j'étais soldate, Valérie Zenatti. Parce qu'en Israël, le service militaire est obligatoire pour garçons ET filles, à 18 ans, pour deux années entières. Passionnant et émouvant. Publié en jeunesse mais je pense que l'intérêt dépasse le cercle des ados.

6. Les cerfs-volants de Kaboul, Khaled Hosseini. Je ne savais presque rien sur l'Afghanistan à part les clichés des talibans... Choquant, mais essentiel.

7. La ferme des animaux, George Orwell. Très facile à lire en VO aussi.

8. Ne le dis à personne, Harlan Coben. Fait rare : j'ai adoré le livre ET le film. Rien à voir avec le fait que ce soit Guillaume Canet qui l'ait réalisé bien sûr. Pour le roman : depuis que je l'ai lu, je trouve que tous les polars sont fades. C'est dire.

9. Ensemble c'est tout, Anna Gavalda. Long, mais se lit très facilement. Un peu de douceur pour les mois de grisaille...

10. Novecento : pianiste, Alessandro Baricco. Sublime.

Voici ma liste, je transmets le lien de ce billet à grosminou qui se charge du gros boulot... et j'attends début 2009 pour choisir 4 livres dans la liste énorme je l'espère !

J'en profite pour remercier Pascale grâce à qui j'ai découvert ce défi.

jeudi 6 novembre 2008

L'affaire Jane Eyre, Jasper Fforde


Me voilà donc enfin de retour...
Je vous explique la situation : j'étais en pleine lecture de What came before he shot her, d'Elizabeth George (Anatomie d'un crime en français). Il fait plus de 600 pages, comme souvent avec cette auteure, et je le lisais en VO, donc ça me prenait un peu plus de temps...
Je ne sais pas si certains d'entre vous ont testé, mais ce roman est très...noir. Je pensais avoir affaire à un roman policier, en fait pas tellement. Je ne vous en dis pas trop parce que j'en reparlerai sans doute prochainement, mais basically : Londres, la misère sociale, les adolescents délinquants, tout le malheur du monde réuni en un livre. Pourquoi pas, je ne m'attends pas à Bienvenue chez les Bisounours à chaque page, mais je vis à Londres, en plein automne, il fait nuit à quatre heures de l'après-midi et il pleut le dimanche soir, alors les romans trop déprimants... Peut-être plus tard !

Bref, après m'être bien étalée sur la raison pour laquelle j'ai fait une pause sur Elizabeth George, je vais vous parler de l'Affaire Jane Eyre, de Jasper Fforde. J'en avais tellement entendu parler, comment y résister ? En plus la couverture (poche) est assez originale pour me donner envie...
Verdict : léger, amusant et plein d'action, avec des clins d'œil littéraires sympathoches. Est-ce bien la peine de vous résumer ?

Pour synthétiser :
Mr & Mrs Smith + Jane Eyre + Bridget Jones = l'Affaire Jane Eyre.

Le monde inventé par Fforde (qui à ma grande surprise s'avère être un homme, vous me direz, Jasper c'est pas franchement un nom de fille mais bon BREF j'ai pas fait attention au début) se révèle complètement fantaisiste, des brigades littéraires à l'oncle de l'héroïne et ses machines délirantes (l'écran de veille rétinien pour reposer ses yeux), j'ai beaucoup aimé ce nouvel univers.
Un peu comme des petites vacances au mois de novembre.

Un de ces jours, je compte bien retourner dans le monde de Thursday Next, détective intrépide au service de la littérature...
Je vais d'ailleurs de ce pas lire les commentaires de mes amis bloggeurs sur la suite de ses aventures... n'hésitez pas à me donner vos avis !

mardi 21 octobre 2008

Lettre à mon blog

Cher petit blog,

Pardon de ne pas te nourrir aussi fréquemment que je le voudrais ces derniers temps.
Mais 650 pages en anglais, assez déprimantes il faut le dire, ça ne se finit pas tout seul.
Ajoute à ça une obsession frisant la folie pour Grey's Anatomy, et un peu de boulot quand même, et c'est vrai que je n'ai pas été là depuis longtemps.

Mais promis, je ne t'oublie pas... Je rédige mentalement chaque jour ou presque des billets à propos de la lecture du moment !

A bientôt...

PS : cher blog, crois-tu que mes lecteurs me pardonneront ce billet ridiculement inutile ?

samedi 11 octobre 2008

Quand l'empereur était un dieu, Julie Otsuka


C'est un très joli mais pas très joyeux petit roman que je vous présente aujourd'hui...

Il raconte l'histoire d'une famille américaine, jamais nommée, d'origine japonaise pendant la deuxième guerre mondiale. On pourrait croire qu'une fois qu'on a obtenu la nationalité américaine, on est un citoyen à part entière, avec les mêmes droits et les devoirs que les autres. Seulement voilà, en temps de guerre, avoir des origines japonaises, vouloir maintenir des liens avec les grands-parents restés au pays ou tout simplement pratiquer sa religion, peut suffire pour être soupçonné d'être un traître à la nation.

C'est ce qui est arrivé non pas à une infime minorité mais à plus de 100 000 personnes à cette époque.

Le style -je parle ici seulement du style, car le thème bien que s'en rapprochant n'est pas le même- m'a fait penser à Être sans destin, d'Imre Kertész, écrivain hongrois, parce que comme Julie Otsuka, les faits sont décrits simplement, sans vraiment de signes extérieurs d'émotion chez les personnages, alors que le pire est commis. Le traumatisme est profond, mais silencieux. Le sentiment d'être arraché à son chez-soi est vraiment très bien décrit, mais décrit n'est pas le mot parce qu'il n'est justement pas exprimé tel quel...

Les enfants apprennent à grandir seuls, parce que les parents sont parfois trop perdus eux-mêmes pour s'en occuper. Tous survivent, alors qu'on leur enlève leurs propriétés, leur travail, leur famille parfois, leur droit de choisir. Finalement beaucoup de ce qui nous rend humains.

Mais Julie Otsuka décrit aussi le retour chez soi, après les longues années passées dans les camps. Et tout ne se résout pas du jour au lendemain, les blessures restent mais il faut réapprendre à vivre avec les siens, devenus étrangers parfois, mais aussi avec les autres, ceux qui n'ont pas connu l'internement, ceux qui refusaient les Japonais dans leurs magasins, ceux qui n'ont rien fait quand la police sont venus chercher certains familles pour les emmener.

Les familles ne se sont pas révoltées, parce qu'elles voulaient prouver au gouvernement américain qu'elles n'étaient pas espionnes au service du Japon. Après la guerre, aucune voix ne s'est fait entendre, parce que tous avaient honte d'avoir connu l'enfermement.

Autant pour cette délicate écriture que pour en savoir plus sur des événements très rarement évoqués, je vous conseille définitivement Quand l'empereur était un dieu, de Julie Otsuka.

mercredi 8 octobre 2008

Chasing Harry Winston, Lauren Weisberger


Après Tokyo j'avais besoin d'un peu de légèreté, donc avant de commencer le prochain roman dont je vous parlerai qui n'est pas super rigolo, j'ai préféré Chasing Harry Winston de Lauren Weisberger. Notez que je l'ai lu en VO, la VF sort en novembre il me semble sous un titre plus que ridicule (Sexe, diamants et plus si affinités...), qui m'aurait dissuadé de le lire.

Un peu de chick lit, c'est recommandé pour tous ceux/celles surtout, qui se prennent trop au sérieux... Et puis de la bonne chick lit, c'est quand même très agréable, mais il y en a peu. Aucun n'arrivera jamais à la cheville de Bridget Jones, mais bon...

Si je devais vous le résumer en une phrase, Chasing Harry Winston est une coupe de champagne. Vraiment, c'est ça. Pétillant, léger, qui tourne un peu la tête si on le boit trop vite. Une critique est citée sur la 4ème de couv : "Sooooo Sex and the City", je pense que ça le caractérise vraiment aussi, donc si vous détestez la série (le film, il était nul, on est tous d'accord. Et on est tous d'accord pour dire qu'on ira tous voir la suite quand même), laissez tomber tout de suite !

En gros, comme celles de Sex and the City, les trois héroïnes sont des New-Yorkaises plutôt aisées, qui ont divers problèmes d'ordre sentimental, mais ce qui pétille dans ce livre ce sont quelques répliques bien lancées, les traits de caractères affligeants des trois filles qui nous ressemblent tellement, des petites choses qui brillent comme ça.

Non ce n'est pas et ça ne sera jamais un grand roman, mais ça reste je pense bien au-dessus de la moyenne des romans du genre, et même si certains passages agacent un peu par leur côté "Américaines trentenaires à ovules hystériques", c'est ça qui est drôle aussi, et l'auteur s'en sort bien par quelques passages qui saccagent un peu le politiquement correct. J'aurais apprécié une fin un peu plus punchy quand même !

Bref, pas une urgence mais si l'occasion se présente, pas de quoi la bouder.

mardi 30 septembre 2008

Tokyo, Mo Hayder




Incroyable mais vrai, je cherchais ce bouquin depuis des mois dans les bibliothèques, impossible de le trouver !!!
Aussi quand j'ai du partir pour un looong voyage (en fait plusieurs) en bus/train/Eurostar/avion, j'ai sauté sur l'occasion pour me l'offrir, en poche, c'est plus pratique.

Après avoir lu Birdman et Pig Island, j'attendais beaucoup, pour ne pas dire ENORMEMENT, de Tokyo, surtout après cette attente. Tel un chien affamé (je manque de poésie en ce moment), je me suis jetée dessus.

Je l'ai trouvé à la hauteur de mes attentes, même mieux, parce que si les deux précédents (dans l'ordre de mes lectures, pas de sortie) étaient de très bons polars, très bien construits, et un peu gore il faut le dire (âmes sensibles, vraiment s'abstenir!), celui-ci a quelque chose en plus. Vraiment.

En parallèle, deux histoires : Grey, jeune femme torturée qui s'installe à Tokyo à la fin des années 90, ville totalement étrangère, pour trouver la réponse à une question qui l'obsède depuis son adolescence.
Et puis, des extraits du journal de Shi Congming, jeune Chinois de Nanjing, de 1937, année où le Japon a envahi la Chine.
En dire trop, ce serait vous gâcher la lecture de ce roman plus profond qu'il n'y paraît. Mais là encore, c'est Mo Hayder et, bien que "dure à cuire" (enfin... en lecture, parce que dans la vie j'ai peur des mouches), je dois dire que certaines scènes sont choquantes, et plus que des scènes particulières, c'est l'ambiance qui se dégage du livre qui m'a paru assez terrorisante. Toutefois, la violence s'inscrit tout à fait dans l'histoire, je ne l'ai donc presque jamais trouvée gratuite.

Je vous conseille donc réellement ce roman. Notez quand même que l'auto-dérision du "héros" (en était-il vraiment un ?) de Pig Island n'est pas du tout présente.
Petit plus : le côté Lost in Translation de Grey arrivant à Tokyo.

samedi 20 septembre 2008

Les yeux jaunes des crocodiles, Katherine Pancol


Me voilà de retour après une pause "vacances" puis une autre pause "déménagement"...
Ce qui ne m'a pas empêché de suivre mes blogs préférés de l'autre bout du monde ;)

J'ai lu, comme des milliers de lecteurs avant moi, les Yeux jaunes des crocodiles, de Katherine Pancol. Je n'ai encore regardé aucune critique sur aucun blog, j'attends d'écrire mon billet pour pouvoir comparer !

D'habitude je me méfie un peu des best-sellers, des livres que tout le monde a adoré, toujours mon esprit de contradiction... A tort ou à raison d'ailleurs.

Lorsque j'ai entamé les Yeux jaunes, je me suis laissée entraîner dans le petit tourbillon, ou la grande tornade, de la vie de chaque personnage, attachants mais aussi exaspérants. J'avais réellement envie de connaître la suite, et beaucoup de passages m'ont fait sourire. Comment ne pas aimer Joséphine, certes, "molle" comme le dit cruellement son ado de fille, mais courageuse ?

Mais, tadaaa, coup de tonnerre, vers les 100 ou 150 dernières pages, j'ai trouvé que rien n'allait plus. L'ado rebelle et insupportable, ça existe, j'en étais une il y a quelques années de ça :). A ce point, et tout le temps, c'est un peu exagéré. L'histoire de la famille royale (je n'en dis pas trop pour éviter de lâcher des spoilers), c'est assez gros, mais pourquoi pas. Mais alors le coup du frère jumeau, j'ai trouvé ça vraiment grotesque, et ça m'a d'autant plus agacée que j'avais réellement apprécié tout le début du roman.
L'aspect légèrement caricatural de chaque personnage m'a alors un peu plus sauté aux yeux, et ça ne m'aurait pas dérangée si ce n'était cette fin, parce que le livre est très sympa à lire.

Avis un peu mitigé donc, mais il aurait été bien plus positif en ne tenant compte que des 400 premières pages. Je n'aurais rien contre un autre roman de Katherine Pancol en revanche, l'écriture est assez fluide, quelques longueurs dans les lamentations de Joséphine, mais dans l'ensemble c'est agréable.
Et vous, votre verdict ?

lundi 25 août 2008

Raison et Sentiments, Jane Austen


Bon, pour ceux et celles qui se rappellent du sketch des Nuls sur les images subliminales... "Maman, j'peux aller chercher ma combinaison de plongée?"

De la même manière, lire Le Club Jane Austen de Karen Joy Fowler m'avait donné envie de (re)lire du Jane Austen. C'est chose fait puisque j'ai commencé par Raison et sentiments. J'aurais bien lu Orgueil et Préjugés, mais j'aurais eu en tête Colin Firth, ça m'aurait déconcentrée...

Je n'ose pas réellement donner mon avis sur le livre parce que tant de belles choses ont été dites sur Jane Austen... Disons simplement que je comprends mieux le personnage d'Allegra dans le Club Jane Austen.
Je m'arrêterai là, pour cette critique mais pas pour Jane, que je continuerai à lire.

Je vous retrouve très bientôt, pour une nouvelle critique... j'avoue que pour celui-ci j'ai un petit complexe, comment commenter un livre aussi lu, aussi critiqué, aussi admiré ?
Je garde toujours un petit faible pour Jane...

Teacher Man, Frank McCourt


Je ne fais pas toujours les choses dans l'ordre, parce que comme dit Romain Duris dans les Poupées Russes "je ne vais pas raconter les choses dans l'ordre, parce que dans l'ordre, c'est le problème"... Et tout ceci bien sûr rien à voir avec un quelconque manque d'ordre dans ma vie (ou mon appart), non non non...

Bref, au lieu de commencer par le début de la trilogie, c'est-à-dire Les Cendres d'Angela et C'est comment l'Amérique ?, moi j'ai choisi, ou plutôt je suis tombée, sur Teacher Man, le troisième volet.

Frank McCourt y raconte sa propre vie de jeune prof d'anglais à Staten Island à la fin des années 50, lorsqu'il tentait d'enseigner à des ados d'origine afro-américaine, italienne, ou irlandaise comme lui.

Loin de présenter le prof comme un héros qui apporte le savoir aux petits jeunes des quartiers difficiles, ce Teacher-ci n'a pas grand chose à voir avec les profs de cinéma : Robin Williams dans le Cercle des poètes disparus, Michelle Pfeiffer dans Esprits rebelles ou même Hilary Swank dans Ecrire pour exister... Non, ce prof-là est quasiment aussi paumé que ses élèves, a longtemps hésité avant d'utiliser son diplôme parce qu'il avait peur de la réalité et "préférait" travailler sur les docks... Ce prof-là me rappelle beaucoup plus - comparaison inévitable - celui d'Entre les Murs de François Bégaudeau, mais aussi, même si Frank McCourt joue beaucoup plus sur l'auto-dérision que sur le pathos, Half Nelson, avec Ryan Gosling.

Le roman est de 2005, et même si l'auteur évoque ses souvenirs des années 50, son écriture n'est pas celle d'un vieil homme... Il est vif, drôle, et surtout extrêmement sincère : oui, un prof est un homme comme les autres, pas moins bon, mais vraiment pas meilleur non plus... juste un homme.
McCourt n'en fait jamais trop, reconnaît ses erreurs, et je n'ai pu qu'énormément apprécier ce roman d'une grande justesse.

Rien de trop, juste assez pour se dire qu'on vient de passer un joli moment.

mercredi 13 août 2008

Le Club Jane Austen, Karen Joy Fowler


Petit coup de cœur pour ce roman, sorti il y a quelques temps déjà...

5 personnages :
Jocelyn, la cinquantaine, éleveuse de chiens
Sylvia, sa meilleure amie, qui vient de divorcer
Allegra, la fille de Sylvia, passionnée et amatrice de sensations fortes
Prudie, professeur de français, plus réservée
et Grigg, le seul homme de la bande, fan de science-fiction...

Jusque là me direz-vous, rien de bien passionnant... en effet !
Jocelyn décide de réunir tous ces personnages, rencontrés grâce au hasard de la vie, pour former le Club Jane Austen. A chaque séance, on discute de l'œuvre au programme du jour. Pour certains, Jane Austen est une déité, pour d'autres, on comprend surtout dans ses romans la condition féminine au XIXème siècle ; certains sont venus surtout pour faire plaisir à d'autres...

J'ai presque envie de dire que Jane Austen est le sixième personnage de la bande, mais ce serait faux : il existe 5 Jane Austen dans ce livre, un par personnage, qui pensent à Jane lorsqu'ils sont malheureux, ou se servent de ses romans comme grille de jugement pour le monde qui les entoure.

Pas de grands effets spéciaux dans ce roman, ni de meurtres en série, ni de grands torrents de larmes versés pour des grandes tragédies... juste la vie, souvent douce mais parfois amère, des personnages agaçants mais profondément attachés les uns aux autres, exactement comme nos proches... Très difficile pour moi de vous expliquer, avec des arguments objectifs, donc je vous dirai juste : ce roman est un bonbon Arlequin. A la fois acidulé et doux, frais et sucré, on n'en mangerait pas tous les jours mais c'est un petit plaisir éphémère. Qui passe un peu trop vite d'ailleurs...

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mardi 12 août 2008

44 Scotland Street, Alexander McCall Smith

Une fois encore, c'est par des chemins un peu tordus que je suis arrivée à 44 Scotland Street... Je voulais depuis longtemps découvrir les aventures de Mme Ramostwe, la détective du Botswana, mais je suis finalement tombée sur celui-ci !

L'histoire : Pat, jeune étudiante, enfin, si l'on peut dire, puisqu'elle entame sa seconde année sabbatique. Désireuse d'acquérir un peu d'autonomie, elle emménage dans une coloc', avec Bruce, jeune agent immobilier insupportablement égocentrique et amoureux de son image.
On rencontre de nombreux personnages hauts en couleur dans ce roman, dont Bertie, 5 ans, exaspéré par sa mère qui cherche à tout prix à le "stimuler", persuadée qu'il est surdoué. Elle le pousse à apprendre le saxophone, l'italien, estime que la garderie est indigne d'un enfant comme lui, et lui fait entamer une psychothérapie...
Domenica, l'extravagante voisine, qui a mené une vie passionnante, se rapproche de Pat.
Matthew, le patron de la galerie d'art où travaille Pat, un peu loser sur les bords, attachant mais un peu ennuyeux...

Ce roman est un peu un tableau impressionniste : les personnages sont dépeints par petites touches, légères et vives. La ville d'Edinburgh est presque un personnage à elle-même, discrète mais toujours présente... un peu de dépaysement à l'écossaise ne fait pas de mal !

Pour moi, ça n'a pas été un choc littéraire, mais un moment très agréable, qui prête souvent à sourire. Et comme beaucoup l'ont déjà dit, dont Clarabel ici, on finit par s'attacher aux personnages plus qu'on ne le pensait au départ. Pourquoi pas la suite donc, Edinburgh Express ?

lundi 11 août 2008

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee

Voilà bien longtemps que j'entendais parler de ce roman, publié en 1960. Le titre ne m'inspirait pas trop... et puis il faut croire que j'ai l'esprit de contradiction, parce que généralement, ce que tout le monde me conseille, j'attends quelques années avant de le lire...
Et puis avec un titre pareil, je me disais que ça devait être un polar sombre des années 50....ce qu'il n'est pas du tout, soit dit en passant pour ceux qui ne l'auraient pas encore lu, et je n'avais pas imaginé une seule seconde que l'auteur puisse être une femme. N'y voyez aucun sexisme, juste le prénom qui m'a induite en erreur !

Et puis quand j'ai vu le film Truman Capote, avec Philip Seymour Hoffman, j'ai adoré le personnage de Harper Lee - et j'ai appris à ce moment-là que c'était une femme. Mystérieuse, discrète mais séduisante (jouée par la belle Catherine Keener)... et c'est sans doute une raison stupide, mais c'est ça qui m'a réellement donné envie de le lire !

La narratrice, Scout Finch, 6 ans, nous raconte son quotidien dans le Deep South américain, le mystère de la maison d'en face, dans laquelle le fils des voisins est enfermé depuis des années... la première rentrée scolaire, l'institutrice qui, avec toutes ses méthodes pédagogiques, a bien du mal à comprendre les préoccupations quotidiennes de ses élèves....

Mais le roman évoque surtout le père, Atticus Finch, avocat, qui fait face à toute l'hostilité de la ville lorsqu'il décide de défendre un homme noir accusé de viol par une jeune fille blanche, ainsi qu'à celle de sa propre soeur, venue vivre avec lui pour l'aider à élever ses enfants.
Au milieu de ce monde d'adultes, Scout nous fait partager son point de vue, très pertinent, sur les événements. Entre son admiration absolue pour son père, la frustration ressentie à l'école parce qu'elle a soif d'apprendre, les jeux avec son frère et leur ami Dill, la difficulté de devenir une fille dans ce milieu masculin, Scout est un personnage très émouvant, très drôle et on ne peut qu'être touché par sa manière d'exprimer les choses.

J'ai particulièrement apprécié le contexte historique dans lequel le roman s'inscrit, puisqu'il se passe dans les années 30, pendant la Grande Dépression, et bien sûr pendant l'époque où le simple fait d'être noir dans certaines régions du monde pouvait vous condamner à mort...

Ce roman très rafraîchissant est malheureusement le seul qu'ait écrit Harper Lee, malgré quelques autres publications dans des revues. Très largement autobiographique, puisqu'elle a elle-même grandi en Alabama et son père était également avocat.

Pour l'anecdote : le personnage de Dill est directement inspiré du vrai Truman Capote, ami d'enfance de l'auteure.

En bref: gros coup de coeur, complètement inattendu ! Je le conseille à tous, parce que je pense qu'il est des romans "universels" qui parlent à chacun...