vendredi 21 mai 2010

L'origine de la violence, Fabrice Humbert


"Lors d'un voyage scolaire en Allemagne, un jeune professeur découvre au camp de concentration de Buchenwald la photographie d'un détenu dont la ressemblance avec son propre père Adrien, le stupéfie. Rentré en France, il retrouve son père, mais le souvenir de la photographie ne le quitte plus. Il décide alors de se lancer dans une recherche qui va bouleverser sa vie. Ce détenu, nommé David Wagner, se révèle être son véritable grand-père. Peu à peu se met en place l'autre famille, la branche Wagner, la branche cachée, celle dont personne chez les Fabre n'évoque l'existence."

Je me permets de reprendre une partie de la quatrième de couverture, car ce roman est trop complexe pour que j'en fasse un résumé home made...

Il s'agit d'un roman dense, très riche, qui aborde des thèmes passionnants : la famille, la quête des origines d'abord. Fabrice Humbert mène également une réflexion très intéressante sur la manière dont chacun s'est engagé, rendu responsable des horreurs des camps. Il évoque aussi le Berlin d'aujourd'hui...

Un roman très très fort, que j'ai lu d'une traite, et que j'ai eu du mal à oublier lorsque je l'ai refermé.

Ce sont les billets de Fashion et de Papillon, il y a quelques mois, qui m'avaient donné envie de le lire, mais Keisha a été moins convaincue...

dimanche 16 mai 2010

The Hunger Games, Suzanne Collins

Chaque année, chacun des 12 districts de Panem doit envoyer un garçon et fille, entre 12 et 18 ans, au Capitole. Cette punition humiliante, infligée en souvenir d'une révolte des districts contre le Capitole, est filmée : la population de Panem regarde les 24 participants s'entretuer en direct à la télévision. Il ne doit en rester qu'un, et tous les moyens sont bons pour éliminer ses concurrents.

Face à certains jeunes qui s'entraînent depuis l'enfance pour participer à un jeu qu'ils considèrent comme un privilège, Katniss, du District 12, n'a quasiment aucune chance... Elle devra tout miser sur ses talents de chasseuse, qu'elle a développés pour nourrir sa famille.

Vous en avez sans doute déjà entendu parler partout... j'ai peur d'en rajouter une couche : les Hunger Games sont un vrai coup de coeur pour moi, le genre de livre qui vous fait dire "allez, juste un chapitre" pour finalement vous coucher à 2h du mat, le genre de livre qu'il est douloureux de refermer quand on est arrivé à sa station, le genre de livre qu'on emporte partout avec soi même s'il pèse 2 tonnes dans le sac...

Il s'agit au départ d'un roman jeunesse, je dirais tout de même "plus de 13/14 ans", car certaines scènes sont assez choquantes (et pourtant j'aime le gore)... Les deux personnages principaux sont tout simplement géniaux : Katniss la petite dure à cuir, héroïne forte, qui tente de cacher ses failles, et Peeta, le gentil garçon, adorable même s'il n'a pas la force de Katniss...

Au fait, si ce n'est pas trop tard, ne lisez SURTOUT PAS la quatrième de couv' française qui en révèle beaucoup trop comme souvent, et de manière trompeuse qui plus est, c'est à croire que les éditeurs veulent vraiment nous gâcher le plaisir...

Et sinon, je pense que Katniss peut compter pour On veut de l'héroïne, non ? Pour le coup, elle est tout l'opposé de Bella-Nunuchette-Swan ! Elle n'hésite pas à agir et ne se laisse pas protéger sans protester par un garçon à la peau scintillante...

Sinon, vous trouverez plein d'autres avis chez Karine (totalement d'accord avec elle, c'est très "cinématrographique" comme roman), 100choses, Clarabel, Emma, Fashion, lasardine... J'en ai certainement oublié plein !

Lu en VO : 6/12











On veut de l'héroïne : number one !

lundi 10 mai 2010

Juliet, naked, Nick Hornby


Annie et Duncan vivent ensemble depuis plus de dix ans, dans une petite ville anglaise au bord de la côte. Pas mariés, sans enfants, ils ont tout leur temps pour profiter des activités culturelles de leur région... parfois désespérantes !

Duncan se consacre à sa grande passion, le rocker Tucker Crowe, qui a connu une carrière fulgurante à la fin des années 70 avant de disparaître totalement de la circulation. Depuis, une poignée de fans extrêmes se déchaînent sur un forum qui lui est consacré, tentant de trouver des significations cachées à chacune de ses chansons, essayant de comprendre pourquoi le musicien a stoppé toute activité si brusquement...

Un jour, un critique musical tombe sur un enregistrement original d'un album de Tucker ; cet événement en apparence anodin bouleverse Duncan, d'autant qu'Annie et lui ne partagent pas le même degré d'enthousiasme...

C'est avec Juliet, naked, que je découvre Nick Hornby. Les personnages sont des trentenaires, voire des "quadra", qui n'ont pas vraiment mûri, sont restés attachés à leurs centres d'intérêt d'ados, n'ont pas réussi à s'engager - au sens large du terme, professionnel également. D'après ce que j'ai compris, c'est un peu pareil dans tous ses romans ; ce que je peux dire de celui-ci, c'est que c'est très bien décrit. On sent dans l'écriture qu'Hornby se moque de ses personnages : Duncan est un loser et l'auteur ne fait rien pour le réhausser dans notre estime ; sans méchanceté pourtant, et la distance qu'il prend ne trompe pas... Nick, serais-tu un peu Duncan dans tes mauvais jours ?

C'est plein d'humour - attention pas de grosses rigolades, on est dans le 100% british, donc plutôt fin. Plusieurs passages m'ont fait vraiment sourire, parce qu'ils sont pathétiques, mais plein de justesse. De la belle ouvrage m'sieurs dames !

L'histoire est plutôt amusante en elle-même d'ailleurs ; j'étais presque un peu triste de quitter les personnages à la fin ! J'y ai d'ailleurs retrouvé, de loin, quelques paillettes de ce que j'avais aimé dans le film About a boy, adapté du roman de Hornby.

En lisant quelques critiques au hasard, j'ai l'impression que les aficionados sont un peu déçus par ce dernier roman de l'écrivain anglais... est-ce que vous m'en conseillez d'autres ? Puisque j'ai plutôt apprécié celui-là, il se peut que j'aime encore plus les précédents !

Challenge Lire en V.O., 5/12

jeudi 6 mai 2010

La joueuse de go, Shan Sa


Dans les années 30, en Mandchourie alors occupée par l'armée japonaise, une adolescente chinoise et un jeune soldat japonais vont se rencontrer en jouant au go.

Elle, en révolte contre les traditions imposées par la société, fréquente de jeunes résistants, s'insurge contre les mariages forcés subis par ses amies. Lui croit dur comme fer à tout ce qu'on lui a appris depuis l'enfance : il se doit d'être patriote et de se sacrifier, si nécessaire, pour prouver la grandeur de sa nation.

La narration est alternée entre les deux personnages que l'on apprend à connaître ainsi, alors qu'eux se découvrent à travers leurs techniques de jeu respectives.

A vrai dire, je m'attendais à un roman plus superficiel, sans raison particulière d'ailleurs. Le contexte historique n'est pas là juste pour la déco ; il forge le caractère des personnages. Les deux sont parfaitement bien dépeints : elle refuse tout, l'autorité parentale, l'occupation japonaise, la naïveté des jeunes filles de son âge. Lui obéit au contraire, est dans l'absolu, n'a qu'un objectif, celui de servir sa patrie ; il devient humain quand il découvre que la noblesse de la cause est prétexte à des actes sales, inhumains.

J'aime les romans qui m'apprennent l'histoire de l'humanité par le destin de quelques personnages - fictifs bien sûr. Le style m'a beaucoup plu également, simple et sans rien de superflu.

Il s'agissait d'une lecture du Book Club de Livraddict, qui avait choisi ce mois-ci le thème des littératures asiatiques.

lundi 3 mai 2010

Tu m'envoies un mail ? , Emmanuelle Friedmann


Après des jobs intellectuellement épanouissants dans le journalisme ou l'édition, mais pas forcément très stables, la narratrice est embauchée comme responsable de la communication dans l'Entreprise. Un CDI, le rêve : enfin de quoi pouvoir se payer son premier appartement !

Mais pas facile de s'adapter à ce nouvel environnement : il faut d'abord maîtriser le novlang de l'Entreprise, un français mâtiné d'hypocrisie, de mauvaise foi et de sarcasme. L'essentiel : parvenir à ne rien faire tout en persuadant un maximum de gens qu'on est indispensable, si possible en terrorisant quelques subalternes au passage.

Pour être franche, ce n'est pas le réalisme qui prime dans ce roman ! Les personnages et les situations ne sont pas complètement faux, seulement tout est trop exagéré pour être vraiment crédible. Je ne peux pas nier que certains personnages du livre m'ont rappelé quelques moments de ma courte vie professionnelle, mais parfois, trop c'est trop ! Et je suis certaine qu'il existe des bosses aussi tordues et agressives que Catherine Parmentier dans la vraie vie... Ce que je reproche en fait à l'auteure, c'est d'avoir assimilé la situation de la narratrice (qui accumule quand même les cons dans son entourage) au travail en entreprise de manière générale, qui peut quand même être super différent (heureusement !).

Par certains moments, l'auteure a probablement voulu dénoncer, ou au moins se moquer d'un univers un peu kafkaïen, mais j'ai trouvé la démarche un peu ratée, car trop légère et trop naïve : quoi ??? il y a des gens qui ne font rien mais qui veulent se faire bien voir du patron quand même ? Ça alors...

Pour ajouter une petite note positive, ce roman n'est vraiment pas désagréable à découvrir, et je l'ai lu très vite. C'est juste qu'il manque beaucoup de choses pour en faire un roman vraiment bon, tant au niveau du style, assez simpliste, qu'en ce qui concerne l'intrigue, très pauvre. Loin d'être un coup de coeur pour moi, malheureusement ! Je remercie tout de même Livraddict et les éditions Michel Lafon pour cette découverte !

samedi 1 mai 2010

The thirteenth tale, Diane Setterfield


Ce mois-ci, au blogoclub, le thème choisi par les deux organisatrices, Sylire et Lisa, était le "livre dans le livre". J'avais déjà lu le titre ayant recueilli la majorité des suffrages, L'affaire Jane Eyre, et j'ai donc décidé de me lancer dans un autre roman de la liste... un roman que j'avais envie de lire depuis très longtemps en fait, le Treizième conte, de Diane Setterfield, et en VO m'sieurs dames !

Margaret vit au milieu des livres, dans la boutique de son père. On ne connaîtra pas son âge, ni d'ailleurs l'époque à laquelle se passe l'histoire, mais cela importe peu. Un jour, Margaret reçoit une lettre d'une auteure à succès, Vida Winter, qui lui demande de la rejoindre et d'écrire ses mémoires. L'écrivain a souvent été interrogée sur sa vie, mais n'a jamais répondu sincèrement. Elle sent qu'il est maintenant temps de raconter, et elle choisit sa biographe sur des critères d'apparence arbitraire. Les deux femmes partagent pourtant une blessure que Margaret ne comprend pas immédiatement.

Il y a définitivement quelque chose de Jane Eyre dans le Treizième conte : l'héroïne, seule, dans une grande maison inconnue, avec des domestiques si discrets qu'ils semblent protéger un secret de famille... Le roman de Charlotte Brontë y est d'ailleurs cité plusieurs fois, avec un hommage parfois ironique : lorsque Margaret tombe malade, le médecin lui explique qu'il s'agit d'un mal dont souffrent les "ladies of romantic imagination", ce que j'ai trouvé à la fois très drôle, très juste et un peu cruel vis-à-vis du personnage !

Bien sûr, l'intrigue est prenante, et j'ai été surprise de pouvoir encore être surprise à quelques pages de la fin, mais l'ambiance est certainement l'élément le plus réussi dans ce roman, qui ne pouvait être écrit que par une romancière anglaise du 19è... même s'il s'avère que Diane Setterfield n'a même pas 50 ans. Le Treizième conte recèle également quelques très jolies citations sur les livres.

Une histoire qui a un début, un milieu, et une fin... et qu'ont aimé Karine :), Fashion, Lou, Mango, Lily... et plein d'autres.

Lire en V.O. 4/12